Le pilou (pilo en occitan, lou pilou en niçois) désigne à la fois le jeu de rue et la pièce de monnaie que l’on utilise comme un volant pour jongler.
L'origine du pilou est incertaine, mais sa popularité cyclique l’a fait revenir régulièrement à la mode.
Les jeux de volant et de jonglage tels que le pilou ont des origines très anciennes. Ils étaient déjà pratiqués en Asie vers l'an 1000 avant Jésus-Christ.
Ce jeu semble s'être inspiré de jeux beaucoup plus anciens et exotiques. Il ressemble en effet énormément au jeu du Tlachtli pratiqué autour de l'an 900 au Mexique. Il s'apparente également à des jeux de volants asiatiques comme le sloupi chinois ou encore le foot-bag américain.
C'est peut-être de là-bas que nous vient le pilou : en effet lors du second voyage de Marco Polo en chine au XIIème siècle, un marinier vénitien apprit et apprécia le jeu. Lors d'une escale à Nice, il en fit une démonstration, et les niçois apprécièrent.
On dit que le pilou est redevenu un jeu à la mode au lendemain de la Seconde guerre mondiale. À Nice, on ne trouvait plus de ballon, et les jeunes ont (ré-)inventé ce jeu de remplacement, avec une vieille pièce démonétisée, dans laquelle on glisse une simple feuille de papier.
Les pièces françaises trouées ont été utilisées comme monnaie de 1914 à 1946. La pièce de monnaie la plus employée pour ce jeu était traditionnellement la pièce de 25 centimes car elle était la plus lourde et volait mieux. De nos jours, on utilise plutôt la pièce de 10 centimes, qui est plus légère.
Le pilou a été immortalisé par Alfred Hitchcock dans le film La Main au collet (film sorti en 1955 et dont l’action se passe sur la Côte d’Azur) où l’on voit deux policiers jouer au pilou pendant une planque.
Depuis 1987, quelques passionnés ont fait revivre ce jeu tombé en désuétude : ils organisèrent d’abord un tournoi à Nice, puis un Championnat du monde de pilou à Coaraze, un village de l'arrière pays niçois.
Depuis cette date, le Championnat du monde de Pilou se déroule chaque année à Coaraze.
Le pilou (l’objet) est constitué de deux parties assemblées entre elles :
Il s’agit d’une pièce de 10 centimes de franc (type Lindauer) datant du début du XXème siècle (à partir de 1917). Son poids est de 4 grammes, son alliage est fait de cupro-nickel.\\n Certaines pièces de 1938 (date encadrée par deux points) et toutes celles de 1939 ne pèsent que 3 grammes et sont constituées de maillechort, elles sont à éviter pour la pratique du pilou. Encore plus légères et faites de Zinc, les pièces éditées entre 1941 et 1946 ne sont pas utilisables car cassantes.
Il est réalisé avec un sac plastique souple d’épaisseur moyenne. Un découpage en losange permet de réaliser un pliage simple en forme de flèche que l’on rentre dans le trou de la pièce. L’extrémité inférieure est chauffée puis écrasée afin de retrouver une surface plane en dessous du pilou. On obtient alors un volant lesté par le poids de la pièce. Le pilou mesure en général entre huit et dix centimètres de haut.
Le pilou est traditionnellement réalisé avec le côté pile de la pièce au-dessus et donc le côté face (RF) en-dessous. Dans le cas contraire, certains parleront de «façou» et refuseront, à juste titre, de jouer avec.
Le terrain de Pilou est formé d’une croix et de quatre ronds. Chaque rond se trouve dans un quart de terrain.
Les cercles font 1m10 de diamètre et se situent à 2m20 du bord des lignes. La largeur du traçage des lignes et des cercles est celle du diamètre d’une pièce, c’est à dire 2cm environ. Le débattement nécessaire à la pratique du jeu est d'environ 2m au-delà des ronds.
Le terrain de pilou n’est pas délimité sur les côtés.
Les deux joueurs d’une même équipe se situent en diagonale, ils devront défendre le rond qui se situe dans leur quart ou le quart de leur coéquipier.
Le but du jeu est de faire réaliser le premier rebond au pilou dans un des ronds adverses (la ligne ne compte pas).
On parle de pilou marqué ou 1 point.
Lorsqu'un pilou est marqué, l’ensemble des joueurs se déplace dans le camp situé à leur gauche (tour dans le sens des aiguilles d’une montre). Ceci afin que ce ne soit pas toujours le même joueur qui se retrouve avec le soleil dans les yeux, le côté de terrain glissant, celui comportant un petit obstacle. Cela permet également de savoir, au cours d’une partie, combien de pilous ont été marqués.
Comme dans de nombreux sports d’équipe, on peut jouer au pilou en un certain temps ou un nombre de points avec les avantages et les inconvénients que peuvent comporter ces deux possibilités.
Au temps
Evidemment, l’intérêt de ce format est que l’on sait précisément (sauf en cas de prolongations et pilou en or) le temps d’occupation du terrain par les joueurs qui peuvent ensuite le laisser à d’autres.
Ce format est utilisé lors des tournois organisés sur une journée (voire deux) afin de respecter les délais de l’organisation (comme à Coaraze, au Château, dans le Vieux-Nice…)
Les matchs se jouent en 6 minutes, le pilou en or s’en suit si cela est nécessaire. L’inconvénient de ce type de format est qu’il est assez facile pour l’équipe qui mène de jouer la montre.
Aux points
Afin d’enlever toute possibilité de « triche » en jouant la montre, les matchs en nombre de points sont la solution adéquate. Ce format est utilisé lorsque la longue occupation du terrain n’est pas un problème. On peut ainsi jouer en 3 ou 5 points et faire une revanche voire une belle. Ce type de format est utilisé lors du championnat annuel de pilou nommé « Liga de Pilou », les matchs se jouent en 3 sets gagnants de 3 pilous.
Au terme d’un tirage au sort, une des deux équipes sera désignée pour engager en premier.
Durant la partie, l’engagement revient au joueur appartenant au quart de terrain dans lequel le pilou a fini sa course.
Sur certains terrains, c’est l’équipe se trouvant face au soleil qui réalisera cet engagement.
Les engagements, au début du match et tout au long de la partie se font à la main. Il doit consister en une passe réalisée à son coéquipier atterrissant dans son quart de terrain.
L’équipe réalisant l’engagement est considérée comme celle des attaquants.
On peut interrompre la course d’un pilou au sol en mettant son pied en opposition. Le pilou devant être a l’arrêt complet lorsque que le joueur le ramasse à la main. Il arrive que le pilou arrête sa course exactement sur la ligne, dans ce cas uniquement, l’engagement revient au premier joueur qui le ramasse.
Une équipe venant de marquer un point conserve l’engagement sur l’action suivante. L'engagement peut changer de main dans trois cas :
Les joueurs ne bénéficiant pas de l’engagement ne peuvent tenter d’intercepter le pilou au cours de celui-ci (ensuite, ils le peuvent).
Lorsqu’un pilou (but) est litigieux, et que ce dernier n’est pas accepté, il est de coutume de rendre l’action à l’équipe qui a tenté le pilou. Ce détail ne représente pas une règle mais fait plutôt partie d’une coutume de fair-play.
Est considérée comme action de jeu tout pilou qui a été engagé.
Une action se termine lors de l’arrêt du pilou au sol.
Un rebond au sol est autorisé mais un seul.
Une action ne peut continuer à être jouée après le second rebond du pilou au sol.
Tout pilou restant plus de 2 secondes bloqué dans un vêtement ou amorti sur une partie du corps est considéré comme tombé au sol.
Le point ne peut être valide si le pilou n’a été touché qu’à une reprise hormis l’engagement à la main.
Le point ne peut être valide si un attaquant met un pilou contre son camp alors qu’aucun des adversaires n’a touché le pilou
Gestes dangereux
Le contact physique doit être limité.
Tout geste menant à faire descendre la semelle du pied devant un joueur est interdit.
Tout mouvement de recul de plus de deux pas en direction d’un joueur est interdit. Le joueur devra alors se retourner pour continuer sa course.
Toute obstruction à la course d’un joueur est interdite.
Faute de main
Tout contact du pilou avec la main ou le bras est interdit.
Fautes d’anti-jeu
Un attaquant ne peut empêcher par son corps un défenseur d’extraire le pilou du dessus de son cercle, c’est à dire qu’il ne doit pas se situer dans le cercle ou au-dessus de celui-ci lors de son tir final s’il gêne le défenseur présent devant ou dans son cercle. C’est-à-dire que l’attaquant ne doit pas faire obstruction à la défense.
Le défenseur, quant à lui, ne peut masquer tout ou partie de son cercle au sol en y posant ou allongeant une partie de son corps autre que ses pieds (ventre, dos, genou, cuisse, tête…).
Fautes de franchissement de ligne
Tout joueur, en phase de jeu de défense à l’engagement, doit attendre qu’un des adversaires ait franchi une ligne de la croix avant de le faire lui-même. Une ligne est considérée comme franchie pas simplement lorsque le pied ou une autre partie du corps au sol la franchie. L’ensemble de l’espace aérien situé au-dessus de la ligne est pris en compte et ne doit pas être franchi. C’est-à-dire qu’on ne peut passer une partie du corps de l’autre côté de la ligne même en l’air.
Le Pénalty
Le joueur bénéficiant du pénalty positionne le pilou sur son pied et le pose en bordure de ligne de la croix. Le défenseur se positionne derrière son rond. Dés que l’attaquant lève le talon de son pied portant le pilou, le défenseur peut avancer. Le contre est possible et peut faire participer les autres joueurs.