Il s'agit d'un jeu traditionnel séculaire et même millénaire puisqu'on a retrouvé des peintures funéraires égyptiennes datant du moyen empire (XXIe – XXIIe siècle avant J.C.) montrant des personnages qui semblent bien y jouer. Les Grecs puis les Romains l'avaient adopté. Ces derniers le pratiquaient sous le nom de micatio ou de micare e digitis (littéralement « le jeu du lever de doigts »). La mourra a ainsi traversé les siècles.
Elle est citée dans la littérature comme par exemple chez Rabelais, Fénelon ou encore Apollinaire dans ces vers extraits de L'ermite (Alcools) « la mourre jeu du nombre illusoire des doigts ». Plus récemment, dans le film de Robert de Niro «Il était une fois le Bronx» une scène d'une vingtaine de secondes à la 74e minute montre les protagonistes en pleine partie… Jeu simple, jeu du peuple, des pauvres, des bergers et des bûcherons des montagnes… Aujourd'hui, la mourra est pratiquée essentiellement dans le Sud-Est de la France et plus précisément du côté de Nice et de son Haut-Pays. Mais elle se joue également en Corse, en Italie, on la retrouve sur le pourtour méditerranéen et même en Chine. Plusieurs associations la font perdurer, des concours et démonstrations sont organisés.
On voit déjà tout l'intérêt du jeu : simplicité des règles et apprentissage naturel ou consolidation du calcul. Mais rapidement on voit que cela va au-delà. Dans ce jeu il faut aller vite. Les points doivent s'enchaîner. Il faut acquérir une vivacité d'esprit, ruser, essayer de trouver la faille chez son adversaire, chercher à le déstabiliser par le geste, les mimiques, les intonations dans les annonces…
Petit à petit, chacun met au point sa propre stratégie. On s'aperçoit également rapidement qu'il est indispensable d'avoir un arbitre car on ne peut pas être concentré sur le jeu et compter les points en même temps. En démarrant des parties par groupe de 3 ou 4, on a successivement deux joueurs assistés d'un ou deux arbitres. Il n'y a pas de temps mort car chacun est actif soit comme joueur, soit comme arbitre.
Ce jeu dont la base est simple peut se pratiquer dès que les enfants savent compter jusqu’à dix.
En cas d'égalité, personne ne marque de point.
Quand le jeu est bien maîtrisé, on peut constituer des équipes de plusieurs joueurs. Chaque équipe est rangée en colonne.
Dans une autre variante, les deux joueurs peuvent s’affronter puis aller en bout de colonne laissant ainsi la place aux suivants.